Au Standard, le contexte tendu est défavorable aux jeunes : “On a peur de mal faire”
L’instabilité régnante au club et la pression populaire desservent l’évolution de jeunes joueurs comme Noubi, Canak ou Sahabo, au Standard.
- Publié le 22-04-2024 à 18h35
Faut-il profiter des Europe playoffs sans enjeu pour installer quelques jeunes joueurs dans l’équipe et voir ce qu’ils ont dans le ventre dans l’optique de la saison prochaine ? Cette question a longtemps alimenté le débat sur l’utilité réelle de cette mini-compétition, au Standard. Même si, globalement, dans les faits, l’idée s’est imposée d’elle-même en raison des blessures de Zinho Vanheusden (qui profite à Lucas Noubi, 19 ans), Aiden O’Neill (qui profite à Hakim Sahabo, 18 ans) et Moussa Djenepo (qui profite à Cihan Canak, 19 ans). Avant que Matthieu Epolo (19 ans) ne soit à son tour lancé dans le grand bain dans les prochaines semaines ?
La sous-question est de savoir si le contexte sportif et extrasportif brûlant, décuplé par une pression populaire à son paroxysme, est propice à une émergence sereine au sein d’un club et d’une équipe secoués par l’instabilité.
Stress et pression
L’un des meilleurs exemples se nomme Lucas Noubi. Le défenseur central de 19 ans regorge d’un potentiel certain, mais il peine à l’affirmer de semaine en semaine, pour sa deuxième véritable saison chez les A.
“Le football, c’est un tout. Je ne veux pas me cacher derrière ces circonstances pour expliquer mes prestations qui sont, je le sais, en deçà, a-t-il honnêtement admis samedi soir après le partage à Westerlo (3-3). Je dois me regarder dans le miroir et ne pas commencer à me focaliser sur les facteurs extérieurs. Je ne suis pas au niveau auquel je dois être. J’assume. J’essaie de me battre au quotidien pour l’atteindre, parce que je me sais capable de mieux. ”
Pur produit du centre de formation liégeois, Noubi tient un discours très franc, mais qui n’explique ni ne résout son inconstance. Il se réfugie derrière l’idée “qu’il faut continuer à travailler”.
Cihan Canak, d’un an son cadet, qui entend également profiter des playoffs pour marquer des points aux yeux de l’entraîneur et de la direction, a utilisé une formule plus simple. Plus éclairante. Plus inquiétante, aussi : “On a peur de mal faire”. Il n’y a rien de pire pour un jeune joueur qui doit encore se faire une place, même si tout le monde dira que, pour espérer percer au Standard, il faut savoir gérer la pression, aussi négative puisse-t-elle être par moments. “Il y a du stress, je pense, a aussi confié Canak. La pression du public, la mauvaise saison… Vous avez vu comme moi la banderole disant que c’était la pire saison du club. Aucun joueur n’a envie d’en faire partie. J’essaie de faire abstraction de tout ça, mais ça peut jouer. ”
Entre le marteau et l’enclume
C’est le paradoxe : tous veulent recevoir leur chance, mais savent que, malgré l’absence d’enjeu sportif, ils n’ont pas le droit à l’erreur. L’accompagnement, par des cadres ou des équipiers encore concernés, a pu être défaillant, et ne pas aider. “On a quand même des cadres comme Bodart, Laifis ou Kanga. Des gars positifs qui nous poussent. C’est suffisant”, estimait pour sa part Sahabo, après le déplacement à Saint-Trond.
“Même ceux qui vont partir la saison prochaine doivent se montrer, jouer pour leur fierté, reprenait Canak. Je sais que je dois aussi prouver pour essayer de m’installer dans l’équipe la saison prochaine. On a tous des objectifs au fond de soi.”
Qu’il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour atteindre.